Michel Viala - 4.11.2009

Publié le par La Côte - Culture

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Viala.jpgMais ça, c'est une autre histoire… Le refrain qui ponctue le flot de paroles captivantes de Michel Viala laisse un doute dans l'esprit de celui qui l'écoute pour démêler le vrai du faux. Un inventeur d'histoires, c'est cela. La sienne se passe aujourd'hui à l'EMS du Petit Bois, à Crans-près-Céligny. Dans sa chambre, le poète de 76 ans a recouvert les murs des traces de son passé et de ses inspirations. L'anarchie de Léo Ferré côtoie le destin posthume de la prostituée Grisélidis Réal. Près de l'entrée, trône un portrait de Richard Bohringer, dessiné par Michel Viala. Sur le tableau, le célèbre acteur a écrit: C'est beau une ville la nuit. Bienvenue dans l'univers de Viala.

Le poète a écrit plus de cinquante pièces de théâtre, des scénarios et des poèmes. Aujourd'hui, Poésies choisies vide ses fonds de tiroirs. Il s'agit en partie de poèmes déjà parus en 1989 au Editions pEX, dans un ouvrage désormais épuisé. D'autres textes sont des inédits, conservés jusqu'ici par sa fille.


Des débuts dans la mode

Genevois de naissance, Michel Viala entre dans le monde du spectacle par la porte des Beaux-Arts.

Avant cela, il passe par les arts industriels, l'équivalent des arts déco aujourd'hui. Je voulais entrer en section pub, mais il n'y avait plus de place, raconte-t-il. Je me suis retrouvé dans la mode… Eclats de rire. Pour ce baroudeur, toute expérience a été bonne à prendre.

Après avoir vécu la rue, les théâtres et même Hollywood, il se repose à Crans. Vous voulez savoir comment je me suis retrouvé ici? J'avais un appartement et je voulais qu'on me foute la paix. Un jour, ma fille est arrivée pour le dîner, et je mangeais un bout de pain et un oignon. Le frigo était vide. Elle m'a dit «on va trouver une solution». Je suis arrivé ici, j'ai vu la verdure, et je me suis installé.

De l'EMS où il vit, il cause comme d'un bistrot: la patronne est vraiment sympa! Elle sélectionne les coups de téléphone pour moi, car ça n'arrête pas. Par exemple, un type a appelé trois fois de suite pour avoir la marque de mon ordinateur… Des histoires comme ça, Michel Viala en a plein.

L'auteur a écrit une pièce sur cet EMS: Petit bois. Ici, j'ai rencontré des gens très intéressants, précise-t-il, comme un ancien physicien du CERN. Il est décédé, mais sa femme m'amène régulièrement la revue du CERN. L'organisation scientifique lui a d'ailleurs inspiré un poème inscrit dans le recueil: Ces trous de matière /masses énormes /absorbent les chiens qui passent /ces vides dans ces hommes gris /ces larmes ces cris.

Quant à savoir quels sont ses coups de cœur pour le théâtre actuel, c'est difficile. ça m'em... de privilégier certaines personnes... Il y a peu d'élus et beaucoup d'appelés. C'est une histoire de talent et de travail, ce n'est pas donné. Il faut se découvrir un style, fabriquer vraiment quelque chose. L'écriture, ce n'est pas seulement des états d'âme.

A propos de l'Institut littéraire suisse de Bienne, qui accueille ses premières volées d'élèves formés à l'écriture, Michel Viala s'exprime sans détours: c'est une imbécillité totale! On n'apprend pas à être écrivain. On apprend à écrire comme tous les enfants. Et après, on apprend à penser.

Si aujourd'hui il se consacre principalement à la peinture, dans sa chambre de Crans, les projets d'écriture continuent d'exister. J'ai écrit une pièce qui s'appelle Bouchons. Les personnages sont pris dans les embouteillages et finissent par piller des villas et vider les frigos...

Michel Viala continue de vivre dans un tourbillon créatif incessant. Je n'ai pas peur de la mort, mais il ne me reste pas beaucoup de temps à vivre. Et comme chante Ferré, «avec le temps, va, tout s'en va /Même les plus chouettes souv'nirs». Tous les matins, Michel Viala fait du Taï-chi, pratique qui l'a d'ailleurs amené à partir au japon. ça c'est une histoire vraie, précise-t-il.



cécile gavlak

Photo: Andrée-Noëlle Pot
4.11.2009


Poésies choisies, Editions Campiche.

Rencontre avec Michel Viala, le 23 février, à 20h, pour une lecture de son poème Ode aux enfants des villes, lors des «derniers mardis du 05», à Rolle, Grand-Rue 5, premier étage, entrée libre.

 

Publié dans Littérature

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