Denis Maillefer - 27.01.10

Publié le par La Côte - Culture

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Denis Maillefer, artiste
inspiré par la région

Le metteur en scène, fondateur du Théâtre en Flammes à Lausanne, présente à Vidy, une pièce écrite à partir de textes de Ramuz.

La pièce de Denis Maillefer Toi partout est présentée au Théâtre de Vidy, à Lausanne, jusqu'au 5 février. Variations autour de deux textes de Charles Ferdinand Ramuz, le spectacle met en scène cinq jeunes comédiens, tout juste sortis de la Manufacture, école de théâtre lausannoise. Natif de Pompaples, Denis Maillefer a passé son enfance dans la région de Cossonay. Dans Toi partout, je visualise la région de La Côte, raconte-t-il. Les comédiens sont dans la forêt, puis face au lac. J'imagine cela dans la région de Morges.

Agé de 45 ans, Denis Maillefer a un parcours de chanceux. Après le gymnase, il se lance vite dans la voie du théâtre. Il entre au Conservatoire de Lausanne mais il n'achèvera pas la formation. Je n'étais pas vraiment acteur, explique-t-il. Puis très vite, il adapte et monte Fool for love de Sam Sheppard. Une pièce qui le séduit, alors qu'il a une vingtaine d'années: c'est un vrai drame familial, une pièce lisible, populaire, simple. C'était pendant l'été, la salle était pleine tout le temps. Des amis avaient fait le décor et les costumes gratuitement. L'époque des possibles.

 

Il assiste Patrice Chéreau

Et c'est l'enchaînement. Vidy. Patrice Chéreau. Il endosse le rôle d'assistant auprès du célèbre metteur en scène et réalisateur, dans la pièce Retour au désert, de Bernard-Marie Koltès. C'était assez intimidant, se souvient-il. Patrice Chéreau m'a beaucoup appris sur l'énergie et le potentiel des acteurs. Et aussi sur le son, qu'il travaillait de manière révolutionnaire pour l'époque.

Justement, dans Toi partout le son tient une place essentielle. Les comédiens récitent le texte des nouvelles L'amour de la fille et du garçon et Salutation paysanne, et des vinyles répètent ou devancent leurs paroles. Comme des échos. Le son est lié à l'intimité, aux sensations. Ce n'est pas du tout intellectuel, estime le metteur en scène.

Le projet Toi partout tournera dans des établissements scolaires, comme le stipule le contrat passé avec le Théâtre de Vidy. Un cadre lui était imposé: budget restreint, jeunes acteurs et autres contraintes techniques. Cela oblige à inventer de nouvelles lumières, remarque Denis Maillefer. Dans la pièce, des projecteurs sont posés au sol au lieu d'être suspendus. Il s'agit d'une lumière par réflexion. Cela fait penser au soleil qui se reflète sur le lac, une image souvent évoquée par Ramuz.

C'est à 16 ans que Denis Maillefer a découvert le poète suisse. Je n'ai jamais vu ce Ramuz ennuyeux. Les gens disent souvent qu'il a écrit sur les paysans et que c'est ringard. Je crois qu'il est de bon ton de ne pas aimer Ramuz. A lui, cette écriture parle: il pose des questions universelles sur l'orientation de la vie, son rapport à soi-même et aux autres.


Et ensuite?

Pour ce qui est de ses projets, Denis Maillefer créera une pièce en mars, qui sera jouée à l'Arsenic à Lausanne. Le titre? Looking for Marilyn, une sorte d'hommage à Marilyn Monroe. Elle a inventé un rapport au psy, car elle s'enregistrait sur des bandes qu'elle donnait au sien. Les retranscriptions existantes serviront de base textuelle au spectacle. La question centrale est: comment on se raconte en se mythifiant? Huit comédiens interpréteront huit Marilyn. Les confidences des acteurs eux-mêmes se mêleront à celles de l'actrice américaine. Finalement, on invente ce qu'on veut que les autres retiennent de notre vie. Avec un psychiatre, mais aussi dans la vie quotidienne, conclut le metteur en scène.

 

Cécile Gavlak
Photo: Mario Del Curto
27.01.10

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