Affaires privées - 30.09.2009
Des «Affaires privées»
la peau
à l'obsénité
La première réplique d’Affaires privées, prononcée face au public, donne le ton: il vous reste une minute! Et voici le spectateur immergé dans un drôle d’entretien d’embauche. Le patron? Edmond Weinstein, crapuleux personnage qui dirige une entreprise de finances, interprété par Raoul Teuscher. Sa victime? Jacques Olier, incarné par David Gobet, qui voit dans cette expérience professionnelle une opportunité de faire briller sa carrière.
Mais c’est dansun véritable gouffre qu’il plonge. Tombé dans lessensuelles griffes de sa supérieure Ghislaine De Saint-Brie (Sophie Lukasik), le naïf protagoniste glisse dans une spirale infernale où surgit l’allié douteux René Pierrol, son prédécesseur, interprété par Daniel Wolf. Entre désirs d’ambition provoqués par les compliments de ses deux supérieurs et relations sadomasochistes entre ce patron et cette blonde collègue, toute en ambiguïtés, Jacques Olier va vivre une descente aux enfers.
Auteur en vogue au célèbre patronyme
Mise en scène et écrite par Dominique Ziegler – fils de Jean – la pièce est imprégnée d’un suspense, digne d’un thriller, qu’on a peu l’occasion de ressentir au théâtre. Reprenant le principe d’un manège, le décor fait défiler les scènes, d’abord avec discrétion et fluidité, puis en s’imposant carrément. Les personnages déplacent eux-mêmes un décor qui donne le tournis, qui figure la vertigineuse intrigue. Les quatre comédiens, formés à Lausanne et à Genève, incarnent leur rôle avec une justesse qui fait encore plus oublier au spectateur qu’il est assis dans les rangs d’une salle de spectacle.
Cécile Gavlak
Photo: Alan Humerose
30.09.2009