Sophie Lukasik - 16.12.2009

Publié le par La Côte - Culture


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Sophie Lukasik
ou le paradoxe d'une actrice

 

Un film qu'on regarde en boucle, c'est réconfortant. C'est comme les enfants qui veulent qu'on leur raconte toujours la même histoire alors qu'ils ont une bibliothèque pleine d'autres livres.
Sophie Lukasik, trentenaire domiciliée à Nyon, a gardé le regard et la spontanéité de l'enfance. Et le jeu, puisqu'elle foule les planches depuis l'âge de 20 ans. Ses films fétiches à elle? Pas de printemps pour Marnie et Les Oiseaux, d'Alfred Hitchcock ou encore Eternal Sunshine of the Spotless Mind, de Michel Gondry.

Pendant ses études, la jeune Grenobloise se lance dans le journalisme à l'Université de Neuchâtel. On nous demandait d'écrire sur une statue, se souvient-elle. Je me suis demandé pourquoi on ne nous dirigeait pas vers quelqu'un de réel. Je n'ai pas fait l'exercice et j'ai arrêté cette option. Cette vocation avortée la mène au théâtre. De la statue inanimée à l'art vivant de la comédie, il n'y avait qu'un pas à faire.


Une énergie à canaliser

Sophie Lukasik intègre alors le Conservatoire de Lausanne, mais elle n'achèvera pas sa formation. Les propositions se sont enchaînées, je ne voulais pas les laisser passer, raconte-t-elle naturellement. Les écoles d'art sont des foyers où l'énergie peut être canalisée par des passeurs, des maîtres.

Durant son temps libre, la comédienne, aujourd'hui enceinte d'un deuxième garçon, déconnecte. Je veux que les choses soient simples. Pendant mes congés, j'ai envie de jachères, c'est-à-dire de me laisser remplir de tout ce qu'il y a. Je vais peu au théâtre pour revenir à des choses concrètes. Par exemple, je joue mon rôle de maman. Mère d'un premier fils âgé de sept ans, Sophie Lukasik aime cueillir des fleurs en forêt ou aller au marché de Nyon pour goûter des olives et connaître leur provenance. Pas d'asphyxie théâtrale. En ce moment, je vais plutôt au cinéma, reconnaît-elle. Amatrice de Jim Jarmusch, John Cassavetes ou des frères Dardenne, elle est touchée par les univers empreints d'humanité. Et cela lui va bien.

Sur scène, son but est de ne pas endormir le spectateur. Récemment, elle est apparue dans Affaires privées, écrit et mis en scène par Dominique Ziegler - fils de Jean. Cette pièce proche du polar fait osciller le spectateur entre un subtil malaise et un violent tournis. Sophie Lukasik interprète Ghislaine De Saint-Brie, femme d'affaires dans une entreprise de finances, un personnage aux multiples facettes. Je me suis amusée à jouer ce rôle, confie-t-elle. C'est un personnage à des années lumière de moi. Elle passe de victime à bourreau. C'est assez jouissif de troubler les spectateurs.

Un public qu'elle a senti dérangé, mais ému. Lorsque je vois la salle s'ennuyer, je me dis «mission pas réussie, mission ratée». Si le spectateur est content, c'est le principal. Après les représentations, en général la comédienne s'éclipse, fuyant les grands discours.

Pour ne pas s'enfermer dans un seul registre, Sophie Lukasik passe du théâtre à la télévision. Elle tourne en ce moment les épisodes de 10, future série de la TSR. L'actrice incarne Clara, employée d'une entreprise pharmaceutique, qui s'allie à un policier pour découvrir des documents volés, le tout dans une ambiance de partie de poker. J'aime la spontanéité de ces tournages. On joue une scène, et c'est fini. Il y a un côté instantané, comme un Polaroïd. Pendant les fêtes, c'est dans la série Photo Sévices, aussi sur la TSR, qu'on la retrouvera à travers le rôle de Sophie Courage.

En 2010, elle s'immergera dans le registre jeunesse avec la pièce Anna, Jean, l'amour et les mathématiques. L'histoire d'une fille de 20 ans qui doit retrouver la mémoire. Elle réapprend tout auprès d'une classe d'enfants: les maths, comment jouer au ballon, des gestes simples. Tout perdre du jour au lendemain, son amour pour les choses et les gens. Cette histoire a touché Sophie Lukasik. Tout ne tient qu'à un fil… conclut-elle.

Cécile gavlak

Photo: Céline Reuille
16.12.2009

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